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Requiem 16.90

des ténèbres à la lumière

Le désir de mise en espace

Note du directeur musical, François-Xavier Lacroux

Dans un contexte de guerre en Europe, de puissances de mort toujours plus présentes, la création Requiem 16.90 est un trajet musical intemporel qui ouvre sur un espace de lumière et de libération, comme un combat contre les ténèbres. Car il est impossible pour nous de présenter quelque chose de conventionnel, un concert plaqué sans réflexion mûrie sur le sens, le signifié et le signifiant, biotope de toute musique en réalité...

La mise en espace veut trouver un chemin du bas vers le haut qui sera clairement identifié par le public. Le mouvement pendant le spectacle est, en outre, une donnée essentielle de la feuille de route de la création : les artistes se déplacent, se déploient à travers l’espace de concert, quel qu’il soit et où qu’il soit (ce qui nécessite un travail sur chaque lieu de diffusion), immergent le public qui se trouve alors aussi au centre même du spectacle et de l’acoustique. Chaque élément architectural du lieu devient un espace scénique. La musique n’est plus seulement celle de l’époque baroque, mais, à travers sa forme souvent lente, hyper-polyphonique ou hyper-monodique et sobre, devient un parcours intemporel, introduisant le public dans un temps hors du temps (la lenteur étant propice à la déconnexion totale du rapport subjectif à l’écoulement du temps).

L’expérience immersive est essentielle dans la compréhension de la participation du public. Il est à noter qu’en fonction du placement, les spectateurs n’entendent pas tous la même chose. Le public sera donc invité à bouger au milieu du spectacle, ce remue-ménage faisant partie de la conception du projet (travail sur la rumeur, le désordre). C’est donc sur cette double idée (du sombre au lumineux, du temps à l’intemporel) que se bâtit toute cette création.

Les Chantres de Saint-Hilaire Sauternes

direction François-Xavier Lacroux

Astrid Vehstedt, mise en scène

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L'idée de la mise en scène

Note de la metteur en scène, Astrid Vehstedt

Lorsque, pour la représentation d'un requiem, on quitte la simple salle de concert pour passer à une "mise en espace", la signification du thème et du texte gagne en importance. Il ne s'agit plus seulement de l'événement musical, mais il faut poser des questions suivantes : pourquoi exécute-t-on un requiem ? Pour qui ? Pour quelle occasion ?
Le Requiem est une messe des défunts. Celle-ci est, en regardant son contenu, à la fois un scénario de terreur et une demande quasi existentielle de sauver le ou les défunts d'un châtiment et des ténèbres imaginaires et de leur faire bénéficier de la "lumière éternelle". Les châtiments annoncés concernent les délits terrestres. Au jour du grand règlement de compte, le monde sera jugé, c’est à dire : anéanti par le feu. D'où la demande récurrente d'épargner l'homme.
Il déclare que "le feu de l'enfer condamnera les méchants et appellera les bons à lui". Le monde sera détruit "par le feu". Les peintres néerlandais Hieronymus Bosch et Pieter Breughel ont déjà peint ce monde d'horreur aux 15ème et 16ème siècles. Leur enfer était bien réel : c'était celui de la guerre et de la violence exercée par les hommes. L'enfer, c'est nous.
Aujourd'hui encore, en 2023, il y a malheureusement suffisamment d'occasions de se souvenir des morts et de rappeler les horreurs causées par l'homme. Pour nous, Européens, la guerre de la Russie contre l'Ukraine est très proche. De nombreuses personnes, dont de nombreux enfants, ont déjà perdu la vie, le plus souvent des civils innocents, des enfants sont traumatisés, des biens culturels sont détruits. Du jour au lendemain, la vie des habitants de Kiev, Boutcha ou Marioupol n'était plus ce qu'elle était.
En outre, nous devons nous demander si nous ne sommes pas en train de mener une guerre globale contre nous-mêmes en exploitant nos ressources vitales ? Et n'avons-nous pas déjà créé, il y a des décennies, un tel arsenal d'armes que nous pourrions détruire complètement notre planète à plusieurs reprises ?
Alors que nous entendons dans le Requiem la prière existentielle adressée à Jésus-Christ pour que les morts soient épargnés par l'anéantissement et se voient accorder la lumière éternelle, nous devrions en fait nous demander nous-mêmes qui arrêtera toute la folie que nous organisons ?


Dans cette mise-en-espace, nous plaçons une sorte “d'autel de mémoire”. Le public peut également y déposer des petits objets personnels. Il peut s'agir de souvenirs de personnes décédées ou d'événements particuliers que nous pouvons commémorer avec Requiem 16.90. C'est la musique qui soutient ce processus de transformation de la douleur de la commémoration vers la paix.
Bien sûr, nous pourrions faire appel à une "puissance supérieure" invisible, qui peut nous accorder la paix et la lumière éternelle. Mais en fin de compte, c'est à nous-mêmes et à notre propre responsabilité de générer cette paix, de percevoir et de respecter l'autre. Pour cela, il existe également une formule simple et présente dans toutes les religions : “ne fais pas à l’autre ce que tu ne veux pas qu'on te fasse”. Si nous suivons globalement cette formule et cessons de projeter nos propres peurs et paranoïa sur les autres et de nous créer ainsi des ennemis, le “lux aeterna” peut effectivement briller.

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les costumes sont une création d'Astrid Vehstedt

couturières : Elisabeth Lacroux et Jessy Gounant

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